tag:ordrespontane.svbtle.com,2014:/feedGuillaume Nicoulaud2014-02-06T08:34:35-08:00Guillaume Nicoulaudhttps://ordrespontane.svbtle.comSvbtle.comtag:ordrespontane.svbtle.com,2014:Post/dsintgration2014-02-06T08:34:35-08:002014-02-06T08:34:35-08:00Désintégration<p>« Les progressistes semblent croire que, si vous ne croyez pas en leurs solutions politiques, c’est que vous ne vous intéressez pas vraiment aux gens qu’ils prétendent vouloir aider. »
<br>— Thomas Sowell</p>
<p>Imaginez que les hasards de la vie vous amènent à déménager dans un petit village de montagne. Dans ce patelin, tout le monde se connait depuis toujours et sur plusieurs générations de telle sorte que quand votre famille s’installe, vous avez très nettement le sentiment d’être un étranger. Vos enfants ne sont pas invités aux anniversaires, le vendeur se montre plus que distant avec votre épouse et vous avez le sentiment aussi diffus que désagréable que les habitants du village murmurent sur votre passage. Situation très désagréable.</p>
<p>Les solutions les plus simples consistent soit à partir soit à passer outre. Mais si vous ne pouvez ou ne voulez pas partir et si cette ambiance vous pèse trop, il ne vous reste que deux options.</p>
<p>La première consiste à aller trouver le maire du village pour vous plaindre de l’ostracisme dont vous êtes la victime et réclamer qu’il use des pouvoirs qui lui ont étés conférés pour y mettre un terme. Est-il utile que je vous fasse un dessin ? Sans doute pas : le seul résultat que vous obtiendrez, c’est de transformer la méfiance discrète des villageois en une aversion tout à fait explicite. Autant dire que votre intégration dans cette petite communauté est définitivement compromise et que vous feriez tout aussi bien de préparer vos valises.</p>
<p>Une autre manière de faire consiste à prendre ce petit monde en douceur, à montrer patte blanche. Ce sont des petites choses : dépanner un voisin, inviter des gamins à l’anniversaire des vôtres, participer à la fête du village, prendre l’initiative d’une discussion… Des petites choses qui, le temps passant, feront que vous ferez partie du paysage, que les gens vous appelleront par votre prénom, qu’on pensera à vous pour une partie de pétanque. Bref, bien qu’il n’y ait aucune garantie que ça fonctionne, c’est la meilleure manière de faire votre nid.</p>
<p>Depuis quelques décennies, les maires successifs de notre village — sans doute animés des meilleures intentions — ont cru bon d’obliger les villageois réticents à accepter les nouveaux-venus. Le résultat, en un chiffre, c’est 24% d’intentions de vote pour le Front National. Brillante réussite…</p>
<p>Une communauté humaine, chers ingénieurs sociaux, de droite comme de gauche, ça ne se planifie pas.</p>
tag:ordrespontane.svbtle.com,2014:Post/where-we-are2014-02-06T02:22:58-08:002014-02-06T02:22:58-08:00Résumé<p>Je vous mets ça ici. Quand on a les idées claires et une langue qui se prête si bien à la synthèse, on obtient ce genre de chose :</p>
<blockquote>
<p>« If there was only one dollar to lend and someone was desesperate to have it, the interest rate would be usurious. If there was one trillion dollars of credit and no one was eager to borrow for some reason or another, then the rate would be .01% like it is today and for the past five years in my personal money market account. »</p>
</blockquote>
<p>— Bill Gross (<a href="https://investments.pimco.com/insights/External%20Documents/PIMCO_Investment_Outlook_Feb_2014_Most_Medieval_PCIO039.pdf">PIMCO Investment Outlook Feb 2014</a>)</p>
tag:ordrespontane.svbtle.com,2014:Post/la-stratgie-du-bouc-imaginaire2014-02-05T07:56:52-08:002014-02-05T07:56:52-08:00La stratégie du bouc imaginaire<p>Vous connaissez le principe du bouc émissaire. C’est cet individu ou ce groupe d’individus auxquels la collectivité fait endosser la responsabilité des maux qui l’accable pour éviter d’assumer ses propres erreurs. Il en va du bouc émissaire dans une communauté humaine comme du loup oméga dans une meute : c’est sur lui que le groupe, encouragé par le loup alpha, va passer toute son agressivité ; il est, bien malgré lui, l’élément fédérateur de meute, le souffre-douleur, la victime expiatoire, le coupable universel.</p>
<p>Or voilà : dans notre monde où l’information circule un peu trop vite et trop librement au goût de certains, s’en prendre à une minorité identifiable devient de plus en plus compliqué. C’est qu’avec internet, les minorités peuvent s’organiser, se faire connaître et se trouver des défenseurs ; rendant ainsi la tâche de ceux qui veulent leur faire porter le chapeau d’autant plus ardue.<br>
Il a donc fallu trouver une parade, un moyen de faire en sorte que le bouc émissaire ne puisse pas se défendre malgré tous les moyens de communication dont il dispose.</p>
<p>De là, l’idée géniale du bouc imaginaire.</p>
<p>Non seulement ce bouc-là ne peux pas se défendre mais il n’en aura jamais ne serait-ce que la volonté pour une raison extrêmement simple : il n’existe pas.</p>
<p>Un exemple classique, ce sont les fameux spéculateurs. À chaque fois, depuis des siècles, qu’un gouvernement (les loups alpha) a joué aux apprentis-sorciers avec sa monnaie, la hausse des prix qui s’en est suivie a toujours été mise sur le dos du spéculateur. Il a pris des noms différents selon les lieux et les époques mais il a toujours été là. Sous Louis XVI, par exemple, il est arrivé plus d’une fois que des familles entières de meuniers ou de boulangers se fassent massacrer par une foule en colère au motif qu’on les suspectait d’être des « accapareur ». Aujourd’hui encore, vous pouvez rencontrer des Vénézuéliens qui viennent de changer leurs bolivars contre des dollars au marché noir tout en vouant aux gémonies les « spéculateurs » qui affament le peuple.</p>
<p>Le bouc imaginaire a ceci d’extraordinaire qu’il ne réalise, en général, que le bouc s’était lui que quand il a déjà les deux pieds sur l’échafaud et la corde autour du cou. C’est-à-dire un peu trop tard.</p>
<p>En termes de communication politique, c’est donc un outil extrêmement pratique. On peut, à loisir, l’accuser des pires horreurs et lui mettre sur le dos tous les malheurs du monde sans que personne ne songe à prendre sa défense puisque, précisément, personne ne se croit visé.<br>
Un des boucs imaginaires les plus en vogue du moment — d’un front à l’autre — c’est ce fameux « néolibéralisme ».</p>
<p>C’est un bouc imaginaire de compétition celui-là : selon qui s’exprime, à peu près n’importe qui peut se voir intenter un procès en néolibéralisme sans que personne ne vienne défendre les néolibéraux ; et pour cause : personne ne se sent visé et personne ne connait personne qui se sente visé. C’est juste que le « néolibéralisme », dans le monde des idées, n’existe que dans l’esprit de ceux qui en ont fait leur bouc imaginaire. Au pire, on choisira un économiste — mort de préférence — pour lui faire porter l’habit : c’est pratique, ni Friedman ni Hayek ne peuvent se défendre.</p>
<p>La puissance extraordinaire de ce bouc imaginaire c’est que lorsqu’on vous accuse d’être néolibéral, vous niez de toutes vos forces — et en toute bonne foi — votre appartenance à ce groupe. Comme les « sorcières » d’antan en sommes. Seulement voilà, vos dénégations n’ont qu’un seul effet dans l’esprit de vos accusateurs : celui de les conforter dans l’idée que les néolibéraux ourdissent un complot !</p>
<p>C’est là que toute la structure du <em>storytelling</em> à la Naomi Klein (<em>et al</em>) révèle son génie : pour être absolument parfait, le bouc imaginaire doit nécessairement nourrir en secret je ne sais quel funeste dessein. C’est absolument imparable : même si vous arrivez à convaincre votre contradicteur de votre bonne foi, il en conclura que vous n’êtes qu’un pauvre imbécile manipulé par les « néolibéraux ». Il n’y rien à faire, rien à dire : vous êtes pris dans une sorte de dialectique circulaire sans aucune porte de sortie.</p>
<p>Vous ais-je déjà parlé du complot post-socialiste ?</p>
tag:ordrespontane.svbtle.com,2014:Post/lempire-des-chats2014-02-03T09:13:23-08:002014-02-03T09:13:23-08:00La conspiration des chats<p>Et donc voilà, un jeune vient de prendre un an ferme pour s’être exercé au lancer de chaton et avoir eu l’idée non moins brillante, convenez-en, de poster la vidéo de ses exploits sur son compte Facebook. Mobilisation des réseaux sociaux, intervention de la police, comparution immédiate au tribunal correctionnel de Marseille et en quelques jours, « Farid de la Morlette » a gagné son séjour aux frais du contribuable.</p>
<p>Déjà, parmi les milieux initiés, on s’étonne tout de même de la sévérité de la peine et de la célérité avec laquelle elle a été prononcée. Tout de même : depuis quand les forces de police — habituellement apathiques — font elles preuves d’une telle diligence ? Depuis quand l’appareil judiciaire — notoirement laxiste — a t’il la main si lourde ? C’est pour le moins étonnant.</p>
<p>…/…</p>
<p>Cette affaire du chaton n’en finit plus de faire parler d’elle. On s’interroge sous le manteau, on cherche discrètement et déjà il se murmure que ce chaton — un certain Oscar — pourrait bénéficier d’appuis haut-placés dans les plus hautes sphères de l’État. Si tel est le cas — et certaines informations confidentielles semblent accréditer cette thèse — ça laisse naturellement présager que l’affaire n’est pas si ordinaire que ça. À suivre…</p>
<p>…/…</p>
<p>Le chaton n’est sans doute pas aussi innocent qu’on voudrait nous le faire croire.</p>
<p>…/…</p>
<p>Première fuite ! Une source anonyme vient de confirmer les appuis dont bénéficie le chaton. Je viens juste de prendre connaissance de l’information. Manifestement, son agression n’avait rien de fortuite : le soi-disant « chaton » est en réalité un chat aussi adulte qu’il est bien introduit dans les milieux politico-financiers.</p>
<p>Selon cette source tout à fait digne de confiance, il semble que cet <em>Oscar</em>, puisque c’est ainsi qu’on l’appelle officiellement, fréquente assidument les lieux du pouvoir et notamment le forum de Davos. On attend encore la confirmation d’éventuels liens avec Goldman Sachs.</p>
<p>…/…</p>
<p>Ça se confirme ! le « chaton » est lié aux milieux d’affaires et notamment à la finance. Celui qu’on nous présentait comme une pauvre victime innocente est en réalité un suppôt du capital mondialisé, un prince de la bourse, un exploiteur apatride et, comme par hasard, c’est encore un chat !</p>
<p>Ce n’est pas de l’antifélinisme que de dire ça, c’est de la lucidité ! Ils sont partout — les médias, les banques, la haute fonction publique… — et ce Oscar en est un.</p>
<p>…/…</p>
<p>De toutes évidences, la victime n’est pas celle qu’on croit. Ce pauvre jeune, ce « Farid de la Morlette », est sans doute un de ces nombreux laissés-pour-compte de la crise, un martyr du néolibéralisme félin qui brise tout dans sa violence aveugle. Il aura voulu nous venger — le pauvre bougre ! </p>
<p>Si la doxa médiatique n’était pas entièrement soumise aux chats, je suis certain qu’on saurait depuis longtemps le fin mot de cette histoire sordide.</p>
<p>Ah ! Je l’imagine d’ici, le <em>Oscar</em>, en train de siroter des cocktails de luxe avec ces amis des médias et de la banque. Il doit bien rire, le scélérat, en cherchant la prochaine victime de sa clique de chats !</p>
<p>…/…</p>
<p>Ils nient tous ! Ils se serrent les coudes et refusent de laisser éclater la vérité ! C’est à ce demander si tous le gouvernement n’est pas sous le contrôle des chats !</p>
tag:ordrespontane.svbtle.com,2014:Post/infaillibilit-ministrielle2014-02-03T06:42:41-08:002014-02-03T06:42:41-08:00Infaillibilité ministérielle<blockquote class="short">
<p>Vous, vous êtes nommé, moi je suis élu.<br>
Qui a raison ? Forcément moi !</p>
</blockquote>
<p>— Arnaud Montebourg (<em>who else?</em>)</p>
<p>Je dauberais volontiers sur cette présomption irréfragable d’omniscience que le ministre croit tenir de son office ; laquelle, si vous me le permettez, n’est pas sans rappeler la sacrosainte infaillibilité papale.</p>
<p>Nous pourrions, vous et moi, passer quelques riches heures à établir un inventaire du nombre incalculables d’élus qui, de toute évidence, se sont plantés magistralement malgré les avertissements et recommandations de fonctionnaires nommés — certes — mais compétents.</p>
<p>Faisons simple — voulez-vous ? — et contentons-nous de rappeler au ministre du <em>redressement productif</em> que, conformément à la Constitution de la Ve République, il a bel et bien été <strong>nommé</strong> à ce poste. Par décret présidentiel contresigné par le premier ministre pour être précis.</p>
tag:ordrespontane.svbtle.com,2014:Post/eurorsum2014-02-03T05:52:22-08:002014-02-03T05:52:22-08:00Eurorésumé<p>Sauf oubli de ma part, vous trouverez ci-dessous les quatre arguments des partisans d’un retour au franc (et donc d’un abandon de l’euro) auxquels je vais essayer d’apporter les réponses les plus synthétiques que possible.</p>
<p>1 — « On ne peut pas mettre en œuvre une politique monétaire unique pour des zones économiquement dissemblables. »</p>
<p>C’est tout à fait vrai ! Gardons donc la monnaie unique et débarrassons-nous de la politique monétaire. Après tout, nous nous en sommes passés pendant des siècles — que dis-je des siècles : des millénaires — et, au vu des résultats obtenus, ce ne sera pas une grande perte.</p>
<p>2 — « En privant l’État de sa souveraineté monétaire, l’euro nous empêche de monétiser la dette publique et nous condamne donc à rembourser le capital et les intérêts. »</p>
<p>Non ! La seule chose que l’euro vous oblige à faire, c’est d’avoir le courage d’assumer vos actes. Si, après 38 ans d’irresponsabilité budgétaire, vous voulez reniez vos engagements passés, faites-le au moins au grand jour : ça s’appelle un défaut de paiement.</p>
<p>3 — « En privant l’État de sa souveraineté monétaire, l’euro nous empêche de dévaluer la monnaie, d’améliorer notre compétitivité et de relancer ainsi nos exportations. »</p>
<p>Absolument et ce n’est pas la moindre de ses qualités ! Une dévaluation compétitive n’est rien d’autre qu’une taxe sur les épargnants doublée d’une réduction autoritaire des salaires réels destinée à subventionner nos exportations. Si c’est ce que vous voulez faire, assumez que diable !</p>
<p>4 — « L’indépendance toute relative de la BCE permet à certains États-membres de s’endetter avec la garantie involontaire des autres membres. »</p>
<p>Celui-là, je vous l’accorde. C’est en effet le problème central de la zone euro et, outre une fédéralisation des budgets publics, je ne vois pas d’autre solution que l’abandon pur et simple du monopole monétaire.</p>
<p>Autre chose ?</p>