Désintégration

« Les progressistes semblent croire que, si vous ne croyez pas en leurs solutions politiques, c’est que vous ne vous intéressez pas vraiment aux gens qu’ils prétendent vouloir aider. »
— Thomas Sowell

Imaginez que les hasards de la vie vous amènent à déménager dans un petit village de montagne. Dans ce patelin, tout le monde se connait depuis toujours et sur plusieurs générations de telle sorte que quand votre famille s’installe, vous avez très nettement le sentiment d’être un étranger. Vos enfants ne sont pas invités aux anniversaires, le vendeur se montre plus que distant avec votre épouse et vous avez le sentiment aussi diffus que désagréable que les habitants du village murmurent sur votre passage. Situation très désagréable.

Les solutions les plus simples consistent soit à partir soit à passer outre. Mais si vous ne pouvez ou ne voulez pas partir et si cette ambiance vous pèse trop, il ne vous reste que deux options.

La première consiste à aller trouver le maire du village pour vous plaindre de l’ostracisme dont vous êtes la victime et réclamer qu’il use des pouvoirs qui lui ont étés conférés pour y mettre un terme. Est-il utile que je vous fasse un dessin ? Sans doute pas : le seul résultat que vous obtiendrez, c’est de transformer la méfiance discrète des villageois en une aversion tout à fait explicite. Autant dire que votre intégration dans cette petite communauté est définitivement compromise et que vous feriez tout aussi bien de préparer vos valises.

Une autre manière de faire consiste à prendre ce petit monde en douceur, à montrer patte blanche. Ce sont des petites choses : dépanner un voisin, inviter des gamins à l’anniversaire des vôtres, participer à la fête du village, prendre l’initiative d’une discussion… Des petites choses qui, le temps passant, feront que vous ferez partie du paysage, que les gens vous appelleront par votre prénom, qu’on pensera à vous pour une partie de pétanque. Bref, bien qu’il n’y ait aucune garantie que ça fonctionne, c’est la meilleure manière de faire votre nid.

Depuis quelques décennies, les maires successifs de notre village — sans doute animés des meilleures intentions — ont cru bon d’obliger les villageois réticents à accepter les nouveaux-venus. Le résultat, en un chiffre, c’est 24% d’intentions de vote pour le Front National. Brillante réussite…

Une communauté humaine, chers ingénieurs sociaux, de droite comme de gauche, ça ne se planifie pas.

 
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